Histoire & patrimoine /
les maisons fortes

les maisons fortes

La maison forte des Pangots

Cette belle demeure, contemporaine de la présence à Saint-Sauveur, entre 1150 et 1350, de l'ordre religieux et militaire des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à été maintes fois remaniée par ses différents propriétaires.

La Maison forte des Pangots

LES ORIGINES

Nous avons retrouvé aux archives départementales de la Drôme à Valence, les documents concernant la présence de ces Hospitaliers, Seigneurs de Saint-Sauveur.(série 40H)
Grâce à ces précieux parchemins, qui couvrent la période de 1150 à 1792, nous avons pu reconstituer en partie l'histoire de ce « château ».

Dans l'état actuel de nos recherches et compte tenu des difficultés que nous avons rencontrés pour déchiffrer les plus anciens documents, nous n'avons pas pu déterminer avec précision la date de construction de ce bâtiment, ni retrouver l'acte de donation concernant le terrain sur lequel les Hospitaliers de Saint-Sauveur ont construit leur Commanderie. Auraient-ils bénéficié des largesses d'un petit seigneur local Chabert de Saint-Sauveur, qui possédait un domaine dans la commune ? Il est cité, en 1164, comme témoin dans une donation. (Cartulaire des Hospitaliers et des Templiers par Ulysse Chevalier). Il sera nommé Commandeur de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Paul-les-Romans à la Pentecôte de l'an 1202.

Par contre nous apprenons, par le notaire Martin Aynodi, que le 5 avril 1358, Garonne Salamone, femme de Jean Harodi, occupe la « maison avec courtil » appartenant aux Hospitaliers. Ce même Jean Harodi, le 15 février 1360, « prêtera hommage pour lui et les siens et se reconnaîtra homme lige de la Maison de l'Hôpital de Saint-Sauveur ». Cette propriété sera désignée quelques années plus tard : « La Salamonéry ». Grâce à cette dénomination, nous avons pu suivre à travers les siècles, les occupants successifs de cette maison forte.

LES DIFFERENTS OCCUPANTS

- Le 11 janvier 1452 Pierre Arodi (descendant probable de Jean Harodi), possède « maison, terres, pré, en La salamonéria » (terrier Francisco Rebut 1436/1459 ligne 159 et 185)

- Nous retrouvons en cette fin d'année 1452, Pierre et Antoine Glénat qui font valoir en la salamonéria, 3 sétérés de maison, terre, pré et vigne, moyennant 2 sols et 3 deniers. En 1500 nous retrouvons Barthélémy Glénat dit Tortolas et l'année suivante, Jean Glénat dit Doyen.

- Le 12 avril 1526, c'est Michel Chinard que nous retrouvons à la tête de cette propriété. (reconnaissance reçue en 1525 par Georges Desblaches dit Nicolet)

- Après les guerres de religion, la demeure de La Salamonéria, devient propriété de Noble Joachim de Ruë marié à Alix Duvache. Joachim de Ruë sera chargé, en 1579, de recenser l'état des terres et des biens à réunir au domaine delphinal.

- Leur fille unique, Anne de Ruë, hérite de la maison forte de Saint-Sauveur et la porte à son mari Noble Jean de Jomaron, Conseiller du Roy au parlement de Grenoble.
.(Reconnaissance du 12 juin 1623, terrier du notaire Borel)

- Anne de Jomaron, fille unique de Jean et Anne de Ruë, épouse le 1er octobre 1628, noble François de Ponnat, Conseiller du Roy. Elle hérite de tous les biens de son père par testament du 9 septembre 1641. La maison forte des Pangots passe ainsi dans la famille de Ponnat.
Lors de l'épidémie de peste de 1656/1657, François de Ponnat donne asile aux religieuses Ursulines de Saint-Marcellin dans sa maison forte de Saint-Sauveur. Deux d'entre-elles prononcent leurs vœux dans la chapelle du château.
Anne de Jomaron laisse à son décès (vers 1642) de nombreux enfants en bas âge et lorsque son époux, François de Ponnat, baron de Gresse fait son testament le 5 juin 1667, cinq filles et trois garçons sont encore vivants.
- C'est Jean de Ponnat, Sieur du Merley, leur fils, qui reçoit les biens venant de sa mère et qui comprennent : le château du Merley à Clérieux, les maisons de Romans, les vignes de Presles, le domaine de la maison forte des Pangots à Saint-Sauveur, les granges de Chatte, Blagneux et Chevrières.
A partir de 1671, la maison forte des Pangots est désignée dans tous les actes officiels, la « Maison forte du Merley »

Endetté, Jean de Ponnat vend, le 11 décembre 1681, son domaine de Saint-Sauveur à Noble Just Baudoin, trésorier de France, pour dix mille livres. Anne Roux, veuve de Just Baudoin, décède à Saint-Sauveur, dans « sa maison de campagne du Merley », le 11 décembre 1720, âgée de 60 ans. Leur fils, Noble Laurent Charles Baudoin, hérite du domaine mais n'en profite pas longtemps. Il décède à Saint-Sauveur le 14 octobre 1728. Ses héritiers vendent la propriété à un bourgeois de Saint-Marcellin, Claude Desblaches, collecteur des impôts dus par les habitants de Saint-Sauveur à la Commanderie des Hospitaliers.
Claude Desblaches décède dans sa propriété du Merley le 14 avril 1746, âgé de 77 ans.

Le domaine est alors mis en vente et c'est Claude Drevon, bourgeois de Saint-Sauveur, trésorier de l'hôpital de Saint-Marcellin, qui se porte acquéreur. Il sera lui aussi administrateur des biens dépendants de la Commanderie de Saint-Sauveur. Charge qui lui a été accordée moyennant une redevance de mille livres à verser entre les mains de Raymond Fayolle, Notaire Royal et fermier général des revenus de la Commanderie de Saint-Paul-les- Romans.
Claude Drevon offrira à la paroisse 4 croix de pierre, bénites par le curé Joachim Détroyat le 30 avril 1775. Une seule se dresse encore fièrement aujourd'hui, en contre bas de la maison forte.


La croix de pierre des Pangots offerte par Claude Drevon en 1775


Claude Drevon décède à Saint-Sauveur le 31 janvier 1777. C'est son neveu Jean-François qui va hériter de tous les biens. Jean-François Drevon est né le 5 septembre 1736 à Saint-Marcellin. Il est assesseur procureur au baillage du dit lieu, marié à Louise Chabert.

En 1843, Louise et Reine-Françoise, filles de Jean-François Drevon, vendent la maison forte du Merley à Joseph Caillat, fils de Jean-Baptiste et Marie Girard cultivateurs aux Micaux, Joseph Caillat était parti faire fortune dans le négoce à Romans. Il installe dans la maison forte, une magnanerie et aménage un atelier de filature dans le prolongement du corps de bâtiment de l'entrée. ( Il subsiste encore une belle cheminée accrochée en façade).
-
C'est également lui qui demande en 1858, «l'autorisation de construire un four à chaux temporaire dont les produits seront destinés à être employés à l'amendement de ses propriétés ». Cette autorisation lui sera accordée par l'arrêté du 2 mai 1858, signé Plichon, sous préfet de Saint-Marcellin.

Le four à chaux construit en 1858

Joseph Caillat décède à Saint-Sauveur le 24 juin 1872.

- En 1879, son fils Eugène, arrête définitivement cette petite industrie. La maladie du ver à soie, la pébrine, a certainement été à l'origine de cette décision.
Eugène Caillat épouse en seconde noces Emilie Louise Veyret, sa servante, de 35 ans sa cadette et, par testament, va l'instituer sa légataire universelle. Eugène Caillat décède à Saint-Sauveur le 14 septembre 1904. Sa veuve se remarie en 1907 avec Albert Inard fils de Frédéric et Marie Borel, cultivateurs aux Blaches.

- Emilie Louise Veyret décède à Saint-Sauveur le 27 février 1929. La propriété revient alors à ses frères et sœurs et c'est Michel Veyret-Picot qui se verra attribuer les biens immobiliers,
par acte du 30 octobre 1929.

« Le château Veyret » comme l'appelle les anciens de la commune, reste propriété de cette famille jusqu'en 1965. Puis se succèdent dans l'ordre, messieurs Feugier, Pacot puis Fornérie. Ce sont enfin M. et Mme Broglio qui vont acquérir puis consacrer une grande part de leur énergie à effacer les traces de transformations pas toujours réussies qu'a subi cette belle demeure, témoin, depuis près de huit siècles, de l'histoire de notre commune.

Nos remerciements à M. et Mme Broglio pour nous avoir autorisé à publier cet extrait d'une étude sur l'histoire de leur maison, ainsi qu'à M. et Mme Guillermier pour leur précieuse collaboration.


P. et M. Hendboëg octobre 2010

Partage

 |